Les photos figurant dans cette chronique ne sont pas libres de droit. Pričre de bien vouloir contacter le photographe pour toute utilisation.![]() (Photos et vidĂ©os par Richter, chronique par Renaud) Il y a des semaines chargĂ©es comme ça, oĂą les Ă©vĂ©nements se succèdent au point de vous faire rater LE moment que vous attendiez avec la plus grande fĂ©brilitĂ©. LĂ par exemple s’enchaĂ®naient le concert de MalĂ©diction / Manigance (et d’Adagio aussi, oui) et, le lendemain, la première Ă©dition du festival de L’Erèbe, organisĂ© – rappelons-le pour mĂ©moire – par une jeune association qui monte : la Bibliothèque du CĂ©nacle. La chronique en est bien entendu Ă venir prochainement, sous la plume du mĂ©lomane et sĂ©millant Sarg qui, comme personne en ces lieux sait faire subir Ă d’innocentes biquettes les derniers outrages, au point de leur faire pousser la goualante, mais je m’égare. C’est sans doute cette surcharge d’évĂ©nements qui nous valu cette dramatique absence et nous coĂ»ta pas moins que le concert de MalĂ©diction dont je ne dirai, par principe et parce que c’est l’un de mes groupes prĂ©fĂ©rĂ©s, que du bien. La preuve en tout cas que la scène française se porte bien hors des murs des « vomictoires de la musique » et de leur gerbe de crooners mollassons faisant commerce de la plus basse flagornerie au troupeau. MalĂ©diction disais-je... Malentendu ou trouble des fonctions cognitives, toujours est-il que nous ne pĂ»mes dĂ©couvrir le nouvel album de MalĂ©diction – Esclave du vice – sur la scène de l’ElysĂ©e-Montmartre. MĂ©saventure d’autant plus rageante que cette affiche jouissait d’une belle complĂ©mentaritĂ© entre les p’tits jeunes qui montent, les briscards qui s’affirment et les tenants uniques - ou peu s’en faut – d’un genre sur la scène française. Profitons-en tout de mĂŞme pour dire quelques mots de MalĂ©diction que nous avions dĂ©couvert en concert privĂ© (private joke) au festival MĂ©talliance Ă Ressons-sur-Matz l’an passĂ©. Un premier album – CondamnĂ©s (Brennus - 2001) - prĂ©sentant de multiples similitudes (concept visuel, thèmes abordĂ©s – mettez donc en parallèle « Prince des tĂ©nèbres » et « Vampire » ou bien « Le Fils de Satan » et « Prière de Satan ») avec « ExĂ©cution » d’ADX (1985) et dont ils reprenaient un titre (du groupe, pas de l’album) : Les Enfants de l’ombre. Bref, un premier album dĂ©jĂ très abouti techniquement et aux textes rendus singulièrement poĂ©tiques par l’articulation en rimes plates, croisĂ©es ou embrassĂ©es, inspirĂ©s par Bram Stoker (et Coppola), Ira Levin (et Polanski) ou Charles Baudelaire (vers l’Aine). Le second – Esclave du vice (NTS - 2003) – offre de nettes Ă©volutions : un son plus gros, des guitares plus agressives encore, un nouveau batteur, un nouveau parolier en la personne de Mathieu Poulain le second guitariste, un visuel superbe et des textes explorant diverses nuances de la noirceur de l’âme, comme une mise en musique du « DĂ©mon de la perversitĂ© » de Poe. Le dĂ©lire addictif de l’ « absynthe » y cĂ´toie l’esprit malade d’un bourreau au service d’une « justice assassine » et l’ « hĂ©rĂ©sie » d’une sorcière vouĂ©e Ă HĂ©cate, en nous menant des « conspirations » de la haute Egypte « vers l’Enfer » et, sur la barque de Charon, « au royaume d’Hadès ». HĂ©las, nous n’aurons pas pu reprendre en chĹ“ur « Dans ma mĂ©moire... » puisqu’ arrivĂ©s trop tard. Faute de mieux, nous aurons quand mĂŞme pu Ă©changer quelques mots avec Sylvain et Mathieu qui sont quand mĂŞme, il faut bien le dire, très, très sympathiques. Bref, on se console et on embraye sur... LE CONCERT DE MANIGANCE ![]() ![]() ![]() On peut reconnaĂ®tre Ă Manigance d’emblĂ©e deux qualitĂ©s : rĂ©ussir Ă marier la langue française et le heavy metal, et ne pas prendre l’auditeur pour un imbĂ©cile avec des textes visant au-delĂ de l’image traditionnelle d’une lame dĂ©gouttante du sang d’un roi (hinhin). En ce sens on pourrait rapprocher Manigance et Killers. La comparaison n’est pas innocente puisque François Merle, guitariste et co-fondateur du groupe est un ancien membre du plus basque des groupes français et inventeur du « heavy speed Etorki » (promis je ne la ferais plus, pas taper Petit Karoo). Des textes sur l’épineux rapport Ă l’altĂ©ritĂ©, au père et aux pairs, sur toile de fond futuriste, tableaux tragiques de cĹ“urs trop grands dans un monde trop Ă©troit : Manigance titille autre chose que la fibre belliqueuse et des fois, c’est pas plus mal. La technique suit, les claviers sont plus prĂ©sents que dans les prĂ©cĂ©dents « Ange ou dĂ©mon » et « Signe de vie », en gardant leur importance sur scène, tandis que Didier, très en forme, emmène ce petit monde sans faillir d’un album Ă l’autre. Ouvert sur « Mirage » et « Empire virtuel », le concert de ce soir dĂ©marre dans un dĂ©luge Ă©pique de doubles croches qui impose le respect (si, si) et conquiert sans doute, si ce n’était dĂ©jĂ fait, le maĂ®tre Patrick Rondat. Soit, On n’a pas non plus devant soi un groupe de mĂ©chants et le son très, très riche en claviers hard FM, Didier n’étant pas non plus Glenn Danzig avec ses apostrophes au public en forme de « Hmmm Paris est-ce que tu es lĂ ? », est presque trop propre, mais l’énergie est lĂ , tangible et communicative. Parenthèse personnelle : je partais dubitatif sur Manigance, pas vraiment sĂ©duit par « Ange ou dĂ©mon », lĂ je suis Ă fond dedans : « Mourir en hĂ©ros », « HĂ©ritier », l’hymne Ă©ponyme « D’Un Autre sang », « Dès mon retour », « IntĂ©gritĂ© » (extrait de « Ange ou dĂ©mon »)... Chaque nouveau titre ou presque m’arrache un sourire de jubilation, un peu comme « Illusion » de Killers, un « Hail And Kill » ou un « Heart Of Steel » de Manowar, les fans comprendront. Bref, Manigance j’en sors conquis, et je pense que ceux qui arrivaient avec un a priori auront Ă©tĂ© convaincus par l’indĂ©niable talent du groupe Ă ciseler des hymnes Ă la mĂ©lodie imparable en dĂ©pit d’une mĂ©trique du texte et de rimes un peu pop des fois quand mĂŞme... Mais tout de mĂŞme qu’est-ce que c’est bon ! « Vouuus ne pouuuvez meee cooomprendre / Et si l’on me dĂ©truiiit / Je renais de mes cendres / Vous ne pourrez me prendre ma viiie / Car je suis d’un autre saaang ! » Didier t’es beau ! LE CONCERT D'ADAGIO ![]() ![]() ![]() Bon hĂ© StĂ©phan t’es beau aussi, mais « Sanctus Ignis » (NTS – 2001) passait quand mĂŞme vachement mieux en live que « Underworld » (NTS – 2003) et d’ailleurs tu l’as bien compris puisque dĂ©jĂ au Solid Hard Live de Montereau (77) tu n’avais pas jouĂ© plus de trois ou quatre titres du dernier Adagio (si je me souviens bien) et lĂ mĂŞme topo : une majoritĂ© de titres de « Sanctus Ignis »... C’est pas forcĂ©ment un mal d’ailleurs, parce que « Sanctus Ignis » est Ă ce point riche de perles nĂ©oclassiques que tout est encore Ă jouer, trois ans ou presque après sa sortie. A plus forte raison si on sait que le public de MalĂ©diction et Manigance n’est pas forcĂ©ment lĂ pour « voir un groupe jouer des mathĂ©matiques » dixit Le G@SP (merci pour la formule, j’adore – cheers !). Passons sur les prĂ©jugĂ©s « technique / pas technique » et reconnaissons que le groupe maĂ®trise son sujet, mĂŞme dans les compos moins digestes d’Underworld. Tant qu’on est lĂ , les soli de basse et de batterie, sortis de la convention et du trip, ils Ă©taient vraiment nĂ©cessaire ? Pour ma part j’ai trouvĂ© que ça cassait l’harmonie du concert qui pourtant avec des titres comme « Second Sight », « In Nomine... », « The Stringless Violin », « Seven Lands Of Sin », « Sanctus Ignis » ou « Panem Et Circenses » avait tout du rĂ©cital, le mot est choisi sciemment. Je crois que j’ai citĂ© tous les titres ou presque jouĂ©s ce soir-lĂ ... qui sont Ă©galement tous les titres ou presque de « Sanctus Ignis »... Etrange. Passons et reconnaissons les immenses qualitĂ©s du groupe encore dĂ©montrĂ©es ce soir : David Readman impĂ©rial au premier plan, StĂ©phan FortĂ© irrĂ©prochable (sauf peut-ĂŞtre au niveau du pantalon Ă sangles ?) et affutĂ©, Frank Hermanny qui maĂ®trise le slap tout de mĂŞme, et les deux autres dont j’ai oubliĂ© le nom, tous autant qu’ils sont, de « Seven Lands Of Sin » à « In Nomine... », l’hymne white metal nĂ©oclassique ultime, en passant par la reprise de Led Zeppelin « Immigrant Song » (Aaaaaaaaaah !) dĂ©livrent avec un art consommĂ© un festival mĂ©tal gĂ©nĂ©reusement ornementĂ©, baroque dans son foisonnement, nĂ©oclassique par sa clartĂ© et romantique dans sa tension constante (ah si, réécoutez « The Stringless Violin ») entre les tĂ©nèbres et les cieux... En fait Adagio c’est un peu Caravage, Botticelli ou Canaletto avec des guitares et des claviers, non ? Un guitare surtout, omniprĂ©sente, acĂ©rĂ©e, toute en contretemps et en syncopeset en dĂ©luge de notes lumineuses, comme autant de rayons de la Vierge dans le ciel printanier d’une fresque de Michel-Ange (carrĂ©ment ouais), celle de maĂ®tre Malmst... euuuh, FortĂ© bien Ă©videmment... Une bonne soirĂ©e finalement, conclue sur un triple constat : MalĂ©diction c’est vachement moins bien quand on les rate, Manigance c’est rudement mieux quand on s’y attarde, et Adagio c’est toujours un bonheur quand ils jouent le premier album (« Sanctus Ignis » pour les oublieux). Le lendemain on attaquait Ă l’aube Ă la Loco pour la prĂ©paration du festival de l’Erèbe. Panne de rĂ©veil : j’étais en retard... Sepul-râle-ment vĂ´tre, Renaud / evil.muffin.666 LES VIDEOS (Clic droit et "Enregistrer la cible sous" conseillĂ© / Right clic and "Save target as" recommended) Ces extraits vidĂ©os sont Ă titre d'illustration et leur qualitĂ© sonore n'est pas reprĂ©sentative du groupe en concert / These small video excerpts are for promotional use only and the low-fi sound is not representative of the band quality in live !LE CONCERT DE MANIGANCE ![]() LE CONCERT D'ADAGIO ![]() TschĂĽĂź ! RICHTER Q Pour les photos et extraits vidĂ©os du concert de Manigance le 6 avril 2003 aux TrophĂ©es du Hard-Rock cliquez ICI |