Les photos figurant dans cette chronique ne sont pas libres de droit. Pričre de bien vouloir contacter le photographe pour toute utilisation.(Photos et vidĂ©os par Richter, chronique par Marion) Un air de rentrĂ©e souffle sur Pigalle, funerarium de l’érotisme mais aussi lieu phare de quelques unes des salles de concerts les plus en vues de Paris. Devant la Boule Noire c’est toute une population offrant un dĂ©gradĂ© de noir foncĂ© Ă noir clair qui s’est amassĂ©e dès 17h pour assister Ă la seconde prestation en France de Blood. Les aficionados de la première heure, dĂ©jĂ prĂ©sent au Glaz’Art, sont venus recevoir leur pain spirituel et l’on ressent une vague de tension Ă©maner de la masse qui commence Ă s’agglutiner dangereusement devant les portes de la salle. L’heure tourne. Blood ayant pris le parti de se faire dĂ©sirer, le concert ne dĂ©butera que vers 20h30 soit trois quarts d’heure après que les premiers arrivants ne se soient massĂ©s devant une scène qui, après Brigitte Fontaine, s’apprĂŞte Ă prouver ses capacitĂ©s d’adaptation musicale. Sur l’écran situĂ© en fond dĂ©filent des films promotionnels dont le message n’est rien moins que clair « Achetez ! ». Après tout pourquoi ne pas joindre l’utile Ă l’agrĂ©able ? Pendant que le public entame la scansion rĂ©pĂ©tĂ©e du nom du groupe, les membres montent peu Ă peu sur scène. C’est d’abord Kaede, le bassiste du groupe, qui fait son entrĂ©e. DĂ©guisĂ©e en meringue – ou serait-ce un avatar du look goth-lolita ?-, hideuse qui plus est, celui-ci se contente de saluer timidement la salle et s’empare de son instrument. Vient ensuite Kiwamu qui provoque les hurlements des fans. Leader et guitariste du groupe, il arbore le mĂŞme costume que lors de son prĂ©cĂ©dent concert en France, du cuir noir et rouge, un corset fatiguĂ©, des cuissardes, bref, un attirail qui ne dĂ©parerait pas la vitrine d’un des sex-shops voisins. Oui, l’influence de Jeanne Mas s’étend jusque dans le milieu visual contemporain. Les cris stridents des fans commenceraient presque Ă devenir dĂ©sagrĂ©ables lorsque FĂ»-ki, le chanteur, apparaĂ®t enfin, bras au ciel, tel un prophète d’un nouveau genre pour exciter des fidèles qui n’en ont pas besoin. Après le speech habituel sur le plaisir extrĂŞme que l’on peut avoir Ă se retrouver en France devant un public si merveilleux, le spectacle commence. LE CONCERT DE BLOOD Sans doute pleinement satisfait de leur dernière prestation sur le vieux continent, le groupe ressert la mĂŞme recette. Pendant que Kaede s’échine comme un beau diable sur sa basse –il ne la quittera pas du concert-, Kiwamu s’occupe du fan service et FĂ»-ki nous prouve ses qualitĂ©s de mime, qualitĂ©s essentielles lorsqu’on assure autant de play-back. L’écran diffuse une sĂ©rie de films en rapport avec les morceaux enchaĂ®nĂ©s rondement. Les mots « Danger Dept. » s’inscrivent, nous autorisant Ă nous poser la question de la dangerositĂ© d’un tel groupe. D’un point de vue musical, on peut suggĂ©rer que Blood ne va pas rĂ©volutionner le monde. A moins que la rĂ©adaptation des rythmes de Pierrot ou de Dir en Grey soit une mĂ©thode subversive qui permette d’obtenir de nouveaux sons ? En ne sortant pas une minute des sentiers battus du visual, Blood s’assure un succès confortable auprès d’un public toujours en demande d’une nouvelle idole mais restreigne aussi leur Ă©volution en se soumettant Ă un dĂ©sir qui n’est pas le leur. Pour preuve de leur Ă©tonnante capacitĂ© de mimĂ©tisme le groupe diffuse aussi des images de fleurs et d’insectes dans une veine « Microcosmos » qui laisse un vague sentiment de remplissage. D’une friche industrielle Ă un paysage verdoyant en passant par des extraits de leurs clips, cet effet de scène permet de nourrir un spectacle que l’on peut considĂ©rer comme maigre. En effet, rapidement, Kiwamu dĂ©laisse sa guitare sur laquelle, jusque lĂ , il s’est contentĂ© de plaquer quelques accords de circonstance et va s’occuper du public. De ce point de vue, le groupe assure et le fan service fait partie intĂ©grante du spectacle, si il ne s’y rĂ©duit pas. Le premier rang a donc l’honneur extraordinaire de caresser la chevelure sainte, ainsi que d’essuyer le corps ruisselant de sueur du leader qui effectue quelques allers-retours afin de ne lĂ©ser personne. Du moins personne au premier rang. AccrochĂ© aux Ă©chafaudages qui domine la scène il offre ses cuissardes au contact d’un public qui semble alors remplir la fonction de paillasson. Sur Morphine, le groupe s’empresse mĂŞme d’entamer une chorĂ©graphie reprise avec entrain par tous et qui n’est pas sans nous rappeler le temps bĂ©ni oĂą nous prĂ©parions la kermesse de l’école maternelle. Blood est donc un bon prĂ©texte pour rĂ©gresser aussi bien physiquement qu’intellectuellement. La fĂŞte est au rendez-vous et pour peu que l’on vienne de bonne humeur, il y a toujours moyen de se distraire. A deux reprises, le concert s’interrompt pour permettre Ă FĂ»-ki de lancer des messages promotionnels sur leur prochaine venue, notamment en Pologne, ou encore sur le fait qu’ils vendent leur production en fin de concert. Habilement placĂ©es ces interventions permettent de rallonger une prestation qui ne dĂ©passera pas les cinquante minutes, durĂ©e nĂ©anmoins suffisante pour Ă©puiser ces ĂŞtres frĂŞles que sont les artistes... si tant est qu’ils mĂ©ritent cette dĂ©nomination. Après un faux dĂ©part convenu, le groupe revient pour nous interprĂ©ter deux chansons. C’est dans un premier temps, le gĂ©nĂ©rique de Saint Seya. A moitiĂ© dĂ©vĂŞtu pour le plus grand plaisir d’une masse pendue Ă ses lèvres, FĂ»-ki continue de nous servir exactement la mĂŞme set-list qu’au Glaz’Art ce qui ne semble choquer personne. Passons sur le proverbe qui veut que ce soit dans les vieux pots que l’on fasse les meilleures soupes pour nous interroger sur la rĂ©elle signification de cette reprise. La lumière se fait enfin et ce dont on doutait durant tout le concert s’inscrit alors en lettres de feu au firmament de notre inconscient musical : Blood est un copy-band !!! Les Ă©chos de Pierrot ou de Dir en Grey que nous crĂ»mes entendre au loin n’étaient donc pas uniquement l’effet d’un Ă©cho musical mais celui d’une rĂ©alitĂ©. Voir FĂ»-ki enfin dans son Ă©lĂ©ment lorsqu’il entonne le refrain du gĂ©nĂ©rique que nous connaissons tous dissipe bien des doutes. Une reprise de Morphine clĂ´t le concert agrĂ©mentĂ©e de la chorĂ©graphie rituelle pendant que Kiwamu, grand seigneur, arrose de bière les spectateurs, sans doute est-ce lĂ l’indice qui permet de les rapprocher de la scène mĂ©tal europĂ©enne comme il est dit sur leur site officiel. Si on suit ce système de pensĂ©e alors Les Musclès –paix Ă leur âme- Ă©taient sans doute les premiers porte-parole du Ska en France. Blood a rempli son contrat et les fans ont paru ravis de leur soirĂ©e, suffisamment du moins pour faire la queue afin d’acquĂ©rir leur dernier opus, signĂ© par leur soin. L’organisation en elle-mĂŞme tĂ©moigne d’une bonne gestion du public et aucun Ă©vĂ©nement n’a Ă©tĂ© signalĂ© autre que des relents de bières, consĂ©quences du dĂ©lire mĂ©tal de Kiwamu. Premier concert en partenariat avec Nosphère, il a permis de vĂ©rifier l’existence d’un public visual en France prĂŞt Ă se dĂ©placer. Voyons ce qu’il en sera le 30 Octobre avec la venue de DĂ©spairsRay, un groupe autrement plus stimulant. Marion LES VIDEOS (Clic droit et "Enregistrer la cible sous" conseillĂ© / Right clic and "Save target as" recommended) Ces extraits vidĂ©os sont Ă titre d'illustration et leur qualitĂ© sonore n'est pas reprĂ©sentative du groupe en concert / These small video excerpts are for promotional use only and the low-fi sound is not representative of the band quality in live !LE CONCERT DE BLOOD ![]() TschĂĽĂź ! RICHTER |